Qu’on se le dise, après une année à déchiffrer les écrits philosophiques de Barthes, Deleuze, Derrida & Co, le principal projet de la période estivale était le délassement et l’inertie intellectuelle totale. Pendant que certaines ont consacré une partie de leur été à l’ascension du Mont Rinjani à plus de 3000 mètres d’altitude, d’autres en ont profité pour une remise à niveau de leur culture cinématographique, par le biais du visionnage fort instructif de vidéos telles que “Je n’utilise plus de savon: je me lave au Ghassoul” ou encore “Blabla sur le contouring pulsionel” ; activités complétées par la réalisation de test de psychologie avancée, “Avec quel mec sexy passerez-vous l’été ?”, “Dis-moi quel est ton type d’orgasme, je te dirai qui tu es ?”.
Autant vous dire que la culture en a bavé, et l’inculture triomphé.
Quelques lectures, expositions et films ont quand même, malgré tout (et heureusement), réussi à stimuler notre esprit endolori, et c’est ce que nous voulions partager avec vous sur le blog aujourd’hui pour le lancement d’une toute nouvelle rubrique: La culture, c’est comme la confiture. Allons-y !
› Livres ‹
M Train de Patti Smith (Éditions Gallimard, 2016)
J’imagine que le nom de Patti Smith ne vous ai pas inconnu, mais que c’est sûrement davantage comme interprète et musicienne que son nom vous ai familier et moins comme auteure et poète. Pourtant Patti Smith écrit, beaucoup, presque que comme elle respire, des carnets de notes entiers depuis son adolescence, où elle y narrent autant des souvenirs de sa vie passée que des réflexions méditatives sur le présent.
Dans M Train, son troisième roman, les lieux qui ont jalonné sa vie servent d’accroches au récit biographique qu’elle livre de manière intimiste. J’ai aimé la façon dont elle nous (r)amène avec elle, au moyen d’un style aussi poétique que kaléidoscopique, dans ces endroits anodins et inattendus. On passe, pages après pages, du Café Ino à Greenwich Village, où elle a ses habitudes depuis plusieurs décennies, à un cimetière à Osaka sur les tombes des écrivains Akutagawa et Mishima qu’elle admire, en passant par la Caza Azul de Frida Kahlo au Méxique ou sa maison, et les souvenirs qui la hantent, le long des plages de Rockaway Beach.
Elle a l’habitude, depuis toujours, de documenter chacune de ses pérégrinations par des photographies que l’on retrouve, avec plaisir pour ma part, dans le livre pour accompagner chaque « lieu-souvenir », renforçant davantage encore l’impression d’immersion dans sa mémoire.
Patti Smith écrit, dès les premières lignes, que ce n’est pas une chose facile d’«écrire sur rien». Après la lecture de M Train, tâchons de lui souhaiter de pouvoir continuer encore longtemps à s’adonner à cet art.
› Expositions ‹
Festival Photo La Gacilly
Il n’y a pas que les Rencontres d’Arles en terme d’exposition photos en France, il y a aussi à mes yeux un rendez-vous incontournable en France : Le Festival de La Gacilly. Chaque été, ce charmant petit village breton invite des photographes, français et étrangers à venir exposer leurs oeuvres sur ses murs de pierres.
Outre flâner dans les ruelles, à regarder de jolies photos, le festival choisi des thèmes en lien avec l’actualité mondiale. L’année dernière, les photographies portaient sur la nourriture, et cette année, sur les océans. Toutefois, n’imaginez pas les dauphins, sirènes et crustacés dans des eaux turquoises. Les photographes abordent plutôt des sujets comme les migrations humaines, les quotas de pêches non respectés et les pirates en Somalie, le tsunami au Japon et la sécheresse au Nord du Brésil…Des thèmes peu souvent mis en avant, sauf si vous êtes des inconditionnels d’Arte -coeur avec les doigts.
Décrit comme ça, se balader entouré des maux de notre planète ne fait pas rêver… Mais tout est amené d’une manière simple et pédagogique grâce aux légendes, et nous invite à réfléchir sur ces sujets, qui me semblent primordiaux aujourd’hui.
Engagé, ce festival s’offre à nous gratuitement, il n’y a donc aucune raison de louper la prochaine édition.
(Pour voir des photos du Festival, je vous renvoie à l’article de Latelierdal)
› Films/Séries ‹
Making A Murderer (2015)
Attention: danger d’addiction imminent ! Il y a des séries qui dès le premier épisode vous font trembler, vivrer et déclenchent immédiatement en vous l’impression d’un arrêt cardiaque, et la série-documentaire Making A Murderer ne déroge pas à cette règle.
Basée sur une histoire vraie, et complètement hallucinante, la série vous refait vivre au travers d’images d’archives et de témoignages, le destin de Steven Avery, accusé à tort d’agression sexuelle au milieu des années 1980, condamné puis libéré après 18 ans en prison au moyen de preuves ADN l’innoçantant, et réinculpé, au début des années 2000, pour le meurtre d’une jeune femme dans sa ville natale de Manitowoc aux Etats-Unis, et pour lequel il clame à nouveau son innocence.
Sans vous spoiler l’histoire (dont, je vous l’accorde, le pitch de base n’a pas l’air de prime abord très funky), la série mettra vos nerfs à vif en vous faisant revivre l’acharnement judiciaire dont Steven Avery a été la victime et vous fera découvrir de façon passionnante les rouages corrompus du système judiciaire américain.
Un conseil: soyez prévoyants et essayer de vous ménager un week-end entier, c’est à peu près la durée estimée qu’il vous faudra pour visionner les 10 épisodes de la saison 1… Addiction quand tu nous tiens !